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Qui ne craint
Ni le vent
Et à travers ses paupières,
la flamme
De sang
Retient
Un lien


 

BROUILLARDS

À l'étroit. Le placard de mon passé me monte à la gorge. Je ne respire plus. Ça fait du bruit, c'est une pendule sur mes cordes vocales. Je ne supporte plus cette fausse note qui grince dans mon oreille. C'est un matin de trop, je ne peux supporter plus. Quelle est cette voix qui ne se tait jamais, qui chaque jour amplifie ?
Ah! Taisez-vous! Taisez-vous. Je voudrais être vide au dedans, je voudrais ne plus rien sentir. Ne pas sentir cette horloge retentir - le temps qui court dans mes veines jusqu'à mon cerveau. C'est une boîte de pandore qui m'assaille sans répit, sans repos, jour et nuit. Elle bourlingue et virevolte. Elle sème le désordre dans ce corps. Ce corps à la mer, qui n'a plus de lumière à suivre des yeux.

Aujourd'hui, le ratage raté.
Aujourd'hui, la répétition de l'infini.
Ici, devant ma porte, sous le porche de mon cerveau.
Répétition du ratage de ma propre vie.
Répétition d'un non-lieu monumental.
Aujourd'hui, une naissance de trop, un monstre de mensonges et de hasards.
Demain, peut-être, le mystère de ce petit fœtus, et de cette corde vocale cassée, de cet embryon monstrueux, de ce noir plurimorphe, de cet accident de la vie, de ce rideau sur l'infini, de cette araignée en carton, peut-être, les mystères de ce petit être sans forme se tairont une fois pour toute, sur le papier comme sur les lèvres.
Répète demain aujourd'hui et peut-être. Peut-être.

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